L’incontinence urinaire chez les seniors est un trouble courant mais souvent tabou. Bien qu’intime, ce phénomène devient fréquent avec l’âge et peut affecter la qualité de vie, tant sur le plan physique que psychologique. Sans prise en charge adaptée, il risque de provoquer un isolement. Faisons le point !
Qu’est-ce que l’incontinence urinaire ?
L’incontinence urinaire correspond à une perte involontaire d’urine. Cela signifie que l’on peut avoir des fuites sans le vouloir, parfois sans même s’en rendre compte. Ce trouble peut survenir de façon ponctuelle ou devenir plus fréquent avec le temps. Chez les personnes âgées, il est souvent lié à un affaiblissement des muscles qui contrôlent la vessie ou à certaines maladies chroniques.
Il ne faut pas considérer l’incontinence urinaire comme un signe « normal » du vieillissement.
Quels sont les différents types d’incontinence urinaire ?
Il existe plusieurs formes d’incontinence urinaire. Les identifier permet de mieux en parler avec un professionnel de santé et d’envisager des solutions adaptées.
L’incontinence urinaire d’effort
C’est la forme la plus courante chez les personnes âgées. Elle représente environ 40 % des cas d’incontinence urinaire.
Elle se manifeste par des pertes involontaires lors d’un effort physique, comme une quinte de toux, un rire, une marche rapide ou le fait de soulever un objet. Ces fuites sont généralement dues à un affaiblissement des muscles du plancher pelvien ou à une pression trop forte exercée sur la vessie.
L’incontinence urinaire par « urgenturie »
Moins fréquente, elle représente environ 10 % des cas. Elle se caractérise par une envie soudaine, très forte et difficilement contrôlable d’uriner. Il arrive alors que la personne n’ait pas le temps de se rendre aux toilettes.
Ce trouble est souvent lié à une vessie dite « hyperactive », qui se contracte de manière imprévisible, même lorsqu’elle n’est pas totalement pleine.
L’incontinence mixte
Comme son nom l’indique, elle associe les symptômes des deux formes précédentes : les fuites à l’effort et les envies pressantes. Elle est fréquente chez les personnes âgées, notamment les femmes après la ménopause.
L’incontinence par regorgement
Elle est plus rare mais touche surtout les hommes âgés, notamment en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate. Elle est due à une vidange incomplète de la vessie, qui se remplit peu à peu sans se vider totalement. Résultat : des fuites continues ou fréquentes, souvent en petite quantité.
Ce type d’incontinence urinaire peut aussi être provoqué par des troubles neurologiques ou la prise de certains médicaments. Un examen médical est indispensable pour comprendre l’origine du blocage et envisager une prise en charge adaptée.
Quelles sont les causes de l’incontinence ?
L’incontinence urinaire peut avoir différentes origines, qui varient selon les personnes et leur état de santé général. Comprendre les causes possibles permet de mieux identifier la solution adaptée à chaque situation.
- Le vieillissement naturel de l’organisme : avec l’âge, les muscles qui soutiennent la vessie, notamment ceux du périnée, perdent en élasticité et en force. La vessie elle-même devient moins souple et peut se contracter de manière imprévisible. Résultat : il devient plus difficile de contrôler les envies, surtout en cas d’effort ou de pression sur l’abdomen.
- Certaines maladies chroniques : des affections comme la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques ou la maladie d’Alzheimer peuvent perturber la communication entre le cerveau et la vessie. Le diabète, quant à lui, peut endommager les nerfs responsables du contrôle urinaire. Les infections urinaires fréquentes peuvent également irriter la vessie et provoquer des fuites temporaires.
- Des suites opératoires ou médicales : chez les hommes, une intervention chirurgicale comme la prostatectomie peut altérer le contrôle de la vessie. D’autres opérations pelviennes ou abdominales peuvent aussi affaiblir les muscles ou les nerfs liés à la continence.
- La prise de certains médicaments : certains traitements peuvent influencer le fonctionnement de la vessie ou des reins. C’est le cas des diurétiques (qui augmentent la production d’urine) ou des sédatifs (qui peuvent diminuer la vigilance). Il est important d’en parler avec son médecin si l’on constate une aggravation des symptômes.
- Le mode de vie et les habitudes : le surpoids exerce une pression constante sur la vessie. La consommation excessive de café, de thé ou d’alcool peut irriter les parois de la vessie et favoriser les envies urgentes. Le tabac, en plus d’irriter les voies urinaires, peut également provoquer des toux chroniques, ce qui aggrave l’incontinence urinaire d’effort.
Existe-t-il des traitements pour l’incontinence urinaire ?
L’incontinence urinaire n’est pas une fatalité. Il existe aujourd’hui plusieurs moyens de la traiter ou, du moins, d’en réduire considérablement les effets au quotidien. Les solutions varient selon la cause identifiée, la forme d’incontinence urinaire, et l’état de santé général. Il est important d’en parler avec son médecin pour envisager une prise en charge personnalisée.
La rééducation périnéo-sphinctérienne
Il s’agit d’exercices ciblés visant à renforcer les muscles du plancher pelvien, ceux qui soutiennent la vessie et les organes voisins. Cette rééducation est souvent réalisée avec l’aide d’un kinésithérapeute ou d’une sage-femme spécialisée. Elle est particulièrement efficace en cas d’incontinence urinaire d’effort, et peut aussi améliorer la qualité de vie dans d’autres cas.
Les changements dans les habitudes de vie
Certains gestes simples du quotidien peuvent faire une grande différence. Par exemple :
- perdre un peu de poids, si nécessaire, peut soulager la pression sur la vessie ;
- réduire la consommation de café, de thé ou d’alcool limite l’irritation de la vessie ;
- arrêter de fumer aide à diminuer la toux chronique et améliore le tonus musculaire général.
Ces ajustements sont souvent recommandés dès les premiers signes, en complément d’un suivi médical.
Des aménagements pratiques à domicile
Faciliter l’accès aux toilettes et prévenir les accidents est essentiel. On peut installer :
- des barres d’appui dans les toilettes et la salle de bain ;
- un éclairage adapté pour éviter les chutes la nuit ;
- des vêtements simples à enlever en cas d’urgence ;
- et utiliser des protections absorbantes adaptées à ses besoins, pour vivre plus sereinement.
Ces petites adaptations permettent de retrouver une forme d’autonomie et de confort au quotidien.
Traitements médicamenteux
Lorsque les mesures non médicamenteuses ne suffisent pas, des anticholinergiques peuvent être prescrits. Ces médicaments aident à réduire la sensibilité et l’hyperactivité de la vessie en diminuant les contractions incontrôlées responsables des envies urgentes. Ils sont surtout utilisés en cas d’incontinence urinaire par urgenturie.
Interventions chirurgicales
Si les solutions citées plus haut n’apportent pas de résultats suffisants, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Plusieurs techniques existent, selon la forme d’incontinence urinaire :
- la pose de bandelettes sous-urétrales, souvent utilisée chez la femme, permet de soutenir l’urètre pour éviter les fuites à l’effort ;
- l’implantation d’un sphincter artificiel, plus rare mais très efficace, est une solution proposée notamment chez certains hommes après une chirurgie de la prostate ;
- la pose de ballons ajustables afin de comprimer l’urètre à sa sortie de la vessie ;
- des injections péri-urétrales de substances de comblement.
Ces interventions sont décidées au cas par cas, après une évaluation précise par un urologue ou un spécialiste.
Les médecines douces
En parallèle des traitements médicaux classiques, certaines médecines douces peuvent apporter un véritable soutien en cas d’incontinence urinaire. Par exemple, l’acupuncture est parfois utilisée pour réduire les contractions incontrôlées de la vessie. Le yoga doux, la sophrologie ou le Qi Qong peuvent améliorer la conscience corporelle et renforcer les muscles du plancher pelvien.
Quant à la phytothérapie, elle propose des plantes comme le pépin de courge ou la prêle, traditionnellement utilisées pour favoriser le confort urinaire.
Ces approches doivent toujours être envisagées avec l’accord de votre médecin, en complément d’un suivi médical.
Pour permettre aux seniors d’accéder à ces pratiques complémentaires, Mutualp propose une offre santé qui inclut un remboursement des médecines douces, selon le niveau de garantie choisi. Ce forfait peut atteindre 200 € par an et par bénéficiaire, et couvre notamment des disciplines comme l’acupuncture, l’ostéopathie, la sophrologie…
Au-delà de cette prise en charge, les garanties de Mutualp couvrent également les soins courants et les consultations de spécialistes comme l’urologue. L’adhésion se fait sans questionnaire médical et les garanties sont activées sans délai de carence.
Prévention et conseils pratiques
Même si l’incontinence urinaire peut avoir des causes médicales ou physiologiques, certains gestes simples du quotidien peuvent aider à limiter son apparition ou à en atténuer les effets. Voici quelques conseils à mettre en place progressivement, en fonction de vos habitudes et de votre état de santé.
Hydratation adéquate
Il est important de boire entre 1,5 et 2 litres d’eau par jour. Une bonne hydratation permet de diluer l’urine, de réduire les risques d’infections urinaires, et d’aider la vessie à mieux fonctionner. Il est toutefois conseillé de limiter les boissons dans la soirée, surtout après le dîner, afin de prévenir les fuites nocturnes. Évitez aussi les boissons gazeuses, trop sucrées ou contenant de la caféine, qui peuvent irriter la vessie.
Alimentation équilibrée et riche en fibres
La constipation chronique peut exercer une pression sur la vessie et aggraver l’incontinence urinaire. Pour éviter cela, privilégiez une alimentation riche en fibres : légumes, fruits, céréales complètes et légumineuses.
Activité physique régulière
Bouger chaque jour, même de façon modérée, permet de maintenir une bonne mobilité, de prévenir le surpoids et de renforcer la musculature, notamment celle du périnée. La marche, la natation douce, le yoga adapté ou la gymnastique douce sont particulièrement recommandés. Des mouvements simples, répétés régulièrement, peuvent améliorer le contrôle de la vessie.
Consultation médicale sans tabou
De nombreuses personnes hésitent encore à aborder le sujet de l’incontinence urinaire avec leur médecin, par gêne ou par peur d’être mal jugées. Pourtant, ce sujet est pris en charge avec sérieux et bienveillance par les professionnels de santé. Un diagnostic précis permet souvent de proposer des solutions simples et efficaces.
Limiter les facteurs irritants pour la vessie
Outre la caféine, d’autres aliments peuvent accentuer les envies pressantes : épices fortes, chocolat, édulcorants artificiels, alcool. Il n’est pas nécessaire de tout supprimer, mais en repérant les aliments déclencheurs, on peut adapter son alimentation en conséquence.
Entretenir la confiance en soi
Vivre avec des fuites urinaires peut générer de l’anxiété, de la honte voire un repli sur soi. Pourtant, de nombreuses personnes vivent cela au quotidien, et il existe des protections discrètes, des vêtements adaptés et des solutions pour rester actif, sortir, voyager ou recevoir sans crainte.
Les fuites urinaires peuvent engendrer de l’anxiété, un sentiment de honte, voire un isolement progressif. Pourtant, il existe aujourd’hui des protections discrètes, des vêtements adaptés et des solutions efficaces pour continuer à vivre pleinement, sortir, voyager ou recevoir en toute sérénité. N’oubliez pas que garder une vie sociale et des activités plaisantes est essentiel pour le moral et le bien-être global.
L’incontinence urinaire chez les seniors est une condition fréquente mais non inéluctable. Une prise en charge adaptée permet d’améliorer significativement la qualité de vie des personnes concernées. Il est essentiel de briser le tabou entourant ce sujet et d’encourager le dialogue avec les professionnels de santé pour bénéficier d’un accompagnement optimal.
L’incontinence urinaire chez les seniors est une réalité fréquente, mais elle ne doit pas être une fatalité. En en parlant sans tabou et en s’appuyant sur des solutions adaptées, il est tout à fait possible de préserver son confort, sa dignité et sa qualité de vie au quotidien.